Focus Primexis
Interview Olivier Touchard chez BFM Business
Lors de son entretien avec BFM Business, Olivier Touchard, président de Primexis, a souligné les piliers de la réussite de Primexis : une expertise pointue, une approche sur-mesure pour chaque client, une maîtrise des outils numériques les plus récents, notamment en matière d’intelligence artificielle et d’automatisation, ainsi qu’une démarche RSE solidement ancrée dans les stratégies du cabinet.
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Nicolas Doze : Olivier Touchard, vous êtes président de Primexis, un cabinet indépendant d’expertise comptable et du conseil. Vous travaillez avec des ETI et de grands groupes, notamment dans les secteurs de l’immobilier, de la banque et de l’assurance. Vous accompagnez vos clients dans des domaines tels que la comptabilité, la fiscalité, le contrôle de gestion, la paie et les ressources humaines. Primexis figure parmi dans le Top 30 cabinets français en termes de chiffre d’affaires. La définition est bonne ?
Olivier Touchard : Elle est parfaite ! Nous avons une particularité, nous proposons du conseil opérationnel et de l’expertise comptable spécialisée. Chaque mot a son importance. Le conseil opérationnel consiste à accompagner nos clients dans l’exécution concrète de leurs projets. Nous n’intervenons pas en amont, mais directement dans la mise en œuvre pratique, que ce soit pour des projets de systèmes d’information, de normes comptables ou d’organisation. En général, nous intervenons après une phase de conseil stratégique et organisationnel. Notre rôle est de soutenir le client dans l’exécution. Cela signifie que nos missions sont souvent de longue durée, nous intégrons véritablement les équipes du client, avec un objectif clair : obtenir des résultats concrets dans la mise en place du projet.
Vous avez une obligation de résultat ?
On se l’impose. Ce n’est pas contractuel, mais nous nous engageons véritablement à atteindre les résultats.
ND : Lors d’une précédente intervention chez Stéphane Soumier (B Smart), vous vous êtes qualifié de « Usain Bolt de la comptabilité et des finances des multinationales ». Vous l’avez dit, vous excellez dans des domaines bien précis, en particulier dans l’aspect opérationnel. Est-ce cela qui vous pousse à vous fixer cette obligation de résultat ?
OT : Absolument. D’ailleurs, nous ne couvrons pas tous les domaines. Contrairement à certains cabinets qui se positionnent en tant que « full service », nous préférons nous concentrer sur ce que nous maîtrisons parfaitement. C’est cette spécialisation qui nous permet d’accompagner nos clients sur le long terme. Il y a des sujets sur lesquels nous n’intervenons pas et nous le disons clairement. Si cela ne correspond pas à notre expertise, nous n’acceptons pas la mission.
ND : Dans le cas d’une multinationale, qui dispose déjà de ses propres experts comptables et fait appel à d’autres cabinets, pourquoi viendrait-elle vous chercher spécifiquement ? Imaginez une entreprise avec 250 000 salariés à travers le monde, cotée à Paris, New York et ailleurs. Pourquoi choisirait-elle Primexis ?
OT : Plusieurs raisons peuvent motiver ce choix. La première, c’est notre expertise sectorielle. Vous avez mentionné l’immobilier, la banque et l’assurance. Nos clients dans ces secteurs recherchent des experts qui connaissent leur métier, qui parlent leur langage et qui comprennent parfaitement la réglementation spécifique à leur domaine. La deuxième raison est notre compétence technique. Par exemple, nous sommes très reconnus pour la consolidation des comptes et l’élaboration des comptes consolidés des grands groupes. C’est une spécialité pour laquelle nos clients savent que nous pouvons intervenir immédiatement, sans phase d’apprentissage. Dès notre arrivée, nous sommes opérationnels, prêts à agir grâce à notre savoir-faire, et nous savons nous adapter au contexte des grands groupes. Après 45 ans sur ce marché, nous connaissons parfaitement ces environnements.
ND : Vous souhaitez mettre en avant trois défis majeurs. Les deux premiers sont l’intégration de l’IA et l’automatisation.
OT : On pourrait penser que ce sont des sujets déjà largement évoqués, mais ils impactent profondément nos métiers d’expertise comptable traditionnelle. De nombreuses tâches dans ces métiers peuvent aujourd’hui être prises en charge par l’IA générative. Les éditeurs informatiques que nous utilisons sont en pleine révolution pour intégrer ces outils d’IA dans leurs solutions. Cela change radicalement notre manière d’aborder le travail avec nos équipes, pour leur montrer que leur emploi n’est pas menacé.
ND : On entend souvent dire que le métier de comptable va disparaître…
OT : C’est totalement faux ! Je combats cette idée. Le métier ne va pas disparaître, bien au contraire, nous avons de plus en plus besoin de comptables. Ce ne sont pas les mêmes comptables qu’il y a 20 ans, et leur valeur ajoutée a évolué. Le vrai défi pour nous est de transformer notre approche, ce qui est un challenge en cours chez Primexis.
ND : L’automatisation va de pair avec cela ?
OT : Tout à fait. L’automatisation, notamment via la RPA, a démarré il y a déjà 15 ans. Ce n’est pas nouveau, mais cela s’accélère avec l’arrivée de l’IA générative, qui apporte une nouvelle dimension. La machine ne se contente plus de reproduire ce qu’on lui a appris, elle apprend aussi par elle-même. C’est un sujet crucial dans toute la profession, pas seulement dans notre cabinet.
ND : Chez Primexis, vos équipes sont-elles inquiètes ou curieuses face à ces évolutions ?
OT : Inquiètes, non. C’est plutôt une question de savoir par où commencer et comment utiliser l’IA de manière pertinente. La seule véritable inquiétude concerne la sécurité des données. Celui qui détient la donnée possède la puissance du feu. Nous devons nous assurer que les données que nous utilisons avec l’IA sont protégées et que leur confidentialité est garantie.
ND : Un autre sujet qui vous préoccupe est la RSE. Cela vous concerne-t-il aussi bien en interne chez Primexis que pour vos clients ?
OT : Oui, deux axes. Nous avons d’abord commencé par nous-mêmes, en se disant que, avant de proposer des missions RSE à nos clients, il était important de nous regarder en interne. Cela fait un an et demi que nous avons lancé un grand projet RSE pour améliorer toutes nos pratiques : environnementales, avec la réduction des émissions de CO2, mais aussi sociétales et sociales. Par exemple, nous avons lancé des programmes de mécénat, alors que ce n’était pas le cas il y a un an et demi. Nous travaillons aussi sur l’égalité hommes-femmes, les écarts salariaux, et tous les piliers de la RSE, qu’ils soient sociaux ou environnementaux.
ND : Vous êtes bien avancés ?
OT : Je pense que nous avons bien avancé, et surtout que nous avons réussi à impliquer l’ensemble du personnel dans ce projet.
Vous avez également lancé une offre d’accompagnement RSE pour les entreprises ?
Exactement. Nos clients nous le demandent, ils n’ont pas attendu que nous venions vers eux. Ils veulent savoir ce que nous faisons en matière de RSE et comment nous accompagnons les territoires. Nous devons donc avoir une réponse à leur offrir. Ensuite, il y a une obligation réglementaire, notamment pour nos grands comptes qui sont directement concernés par des programmes comme la CSRD ou la taxonomie verte. Étant donné notre expertise en reporting et en traitement des données, il est naturel pour nous de les accompagner sur ces sujets.
ND : Aujourd’hui, vous êtes capables de produire des reportings extra-financiers ? Certains de vos confrères semblent encore hésitants.
OT : Nous savons le faire. Non seulement nous réalisons ces reportings, mais nous assurons également la maîtrise d’œuvre de logiciels et d’outils pour accompagner nos clients dans leur mise en place.
ND : Dernier sujet qui vous tient à cœur : vous avez achevé votre premier plan stratégique en 2023 et lancé celui pour 2024-2027. Quels sont vos objectifs ?
OT : Notre priorité reste la croissance, un objectif que nous avions déjà fixé dans notre précédent plan stratégique, et que nous avons atteint avec un an d’avance. Nous devions atteindre 50 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024, mais nous l’avons franchi dès 2023, tout en développant les offres prévues. Pour l’avenir, nous souhaitons maintenir notre position dans le Top 30 des cabinets français. Nos clients deviennent de plus en plus importants et nous demandent de plus en plus de services. D’ici 2027, nous visons un chiffre d’affaires de 75 millions d’euros, soit une croissance de plus de 50%. Nous prévoyons également d’élargir notre collège d’associés et de directeurs. Nous sommes une entreprise détenue par ses associés.
ND : Ce que vous décrivez est un très beau message pour les jeunes qui pensent que l’expertise comptable est un secteur dépassé, qui ne sait pas se réinventer.
OT : Loin de là ! L’expertise comptable est un métier très attractif et un marché extrêmement porteur. C’est une véritable assurance chômage ! En Europe, la demande est telle qu’il y a une réelle pénurie de candidats. Ce phénomène n’est pas propre à la France, j’observe la même situation dans de nombreux pays européens. C’est un métier passionnant, bien rémunéré, où l’on ne s’ennuie jamais.
ND : Il faut reconnaître que les défis qui sont devant vous, c’est un peu les défis du monde en fait.
Pour l’avenir, nous souhaitons maintenir notre position dans le Top 30 des cabinets français. Nos clients deviennent de plus en plus importants et nous demandent de plus en plus de services. D’ici 2027, nous visons un chiffre d’affaires de 75 millions d’euros, soit une croissance de plus de 50%. Nous prévoyons également d’élargir notre collège d’associés et de directeurs.
Olivier Touchard
Président de Primexis
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L’interview est disponible sur la chaine Youtube de Primexis.