Interview MIPIM
Immobilier 2025 : Tendances et enjeux
décryptés par nos experts

Dans un contexte de transformation du marché immobilier, entre révision de la CSRD et enjeux ESG, les professionnels du secteur doivent s’adapter. Jack Capps et Magalie Lory de Primexis nous livrent leur analyse des tendances et des perspectives pour l’année à venir, en direct du MIPIM 2025 à Cannes.
Depuis le MIPIM 2025 à Cannes, nous nous intéressons aux perspectives du marché immobilier. Après une année complexe, 2025 sera-t-elle celle du rebond ? Quels sont les enjeux liés au développement durable ? Quel impact aura la récente révision de la CSRD ? Pour en parler, nous avons le plaisir d’accueillir les experts de Primexis : Jack Capps, Directeur du pôle Immobilier et Magalie Lory, Senior Manager. Pour commencer, pouvez-vous nous présenter brièvement Primexis ?
Jack Capps : Primexis est un cabinet de conseil opérationnel et d’expertise comptable spécialisé. Basé à Paris La Défense, notre équipe compte environ 400 collaborateurs, au service de grands comptes français et de filiales de groupes étrangers. Notre pôle immobilier regroupe une cinquantaine de spécialistes, complétés par une équipe d’une vingtaine de personnes dédiées aux fonds, au private equity, à l’hôtellerie et à l’immobilier. Nous accompagnons nos clients sur leur reporting financier et extra-financier, leur fiscalité, leur consolidation, la valorisation de leurs fonds ainsi que sur leurs transactions.
Magalie, c’est votre première participation à ce salon. Qu’en attendez-vous ?
Magalie Lory : Absolument, et je suis ravie d’y participer. Cet événement me permet de rencontrer nos clients français et internationaux, ainsi que nos partenaires : avocats, notaires et grands acteurs du secteur. C’est une opportunité unique pour échanger sur les tendances du marché et adapter nos missions de conseil à un secteur en perpétuelle évolution.
Le marché immobilier traverse une phase de correction des prix. Comment vos clients réagissent-ils à cette situation ?
JC : Cette conjoncture a offert des opportunités d’acquisition à certains de nos clients disposant de capacités de financement. Nous les avons accompagnés dans des transactions complexes, notamment l’acquisition du centre commercial O’Parinor par Sofidy et Klépierre, ou encore dans l’achat d’un portefeuille de commerces en développement. À l’inverse, d’autres clients ont rencontré des difficultés en raison de la hausse des taux et de la correction des prix, les conduisant à céder certains actifs. Nous avons été à leurs côtés pour structurer ces cessions, comme pour une tour à La Défense ou un bureau en petite couronne parisienne.
ML: Par ailleurs, plusieurs sociétés de gestion ont profité de ce contexte pour lancer des fonds immobiliers opportunistes, notamment via des FPCI. Nous les accompagnons dans la détermination de leur valeur liquidative. Ces fonds se diversifient sur différentes classes d’actifs afin de limiter les risques, allant de l’immobilier de santé aux actifs résidentiels, commerciaux et de bureaux.
2024 a donc été une bonne année pour Primexis ?
Jack : Effectivement, notre pôle immobilier a enregistré une croissance à deux chiffres. Cette réussite repose sur la confiance de nos clients et la mobilisation de nos équipes. Nous avons remporté plusieurs appels d’offres et accompagné des fonds en pleine expansion, notamment dans le secteur des résidences étudiantes et seniors, ainsi que des fonds spécialisés dans la restructuration d’actifs.
Fabrice : L’immobilier de bureau est particulièrement touché, avec un taux de vacance record en Île-de-France. Comment vos clients y font-ils face ?
ML : Certains secteurs atteignent même 20 % de vacance. Toutefois, cela crée aussi des opportunités. Nous accompagnons par exemple Novaxia, qui mise sur le recyclage urbain en transformant des bureaux obsolètes en logements, tout en intégrant les enjeux de développement durable. Cette approche répond à la fois au manque de logements en zones tendues et à la nécessité d’optimiser l’utilisation des espaces existants.
Comment accompagnez-vous vos clients sur les enjeux ESG ?
JC : Les critères ESG sont désormais essentiels pour tous les acteurs de l’immobilier : investisseurs, banques, locataires. Nos clients les intègrent tant pour attirer des financements que pour structurer leurs investissements. Nous les aidons à comprendre et appliquer les réglementations, ainsi qu’à formaliser leur reporting extra-financier, notamment dans le cadre du label ISR et de la classification SFDR. D’ailleurs, plusieurs de nos experts ont obtenu le visa de durabilité de la CNCC cette année afin d’accompagner nos clients dans la mise en conformité avec la CSRD.
Justement, sur cette CSRD, est-ce que vous pensez que le projet de loi de la Commission européenne constitue un pas en arrière ?
JC : Il est certain que ce projet de loi omnibus n’envoie pas un signal très positif. Mais il faut aussi le replacer dans un contexte géopolitique plus large où, aujourd’hui, on observe que la tendance est clairement à la déréglementation. Cela dit, le reporting CSRD n’est pas abandonné. Ce projet de loi vise une mise en application plus progressive avec des seuils rehaussés, tout en simplifiant certaines obligations du reporting extra-financier.
Quelle est, selon vous, la réaction des acteurs de l’immobilier face à ce projet de loi ?
Je suis convaincu que la majorité des acteurs de l’immobilier restent engagés. On observe de nombreux fonds, plusieurs ETI et PME, même des petites entreprises qui choisissent volontairement de continuer à travailler et à développer leur reporting sur la durabilité. Cela montre qu’il existe un véritable investissement dans ce domaine, même face à l’incertitude réglementaire.

Jack Capps
Directeur Primexis
Enfin, pouvez-vous nous parler des perspectives pour 2025 chez Primexis ?
ML : Globalement, nous avons une vision optimiste pour cette année. Nous avons confiance en la solidité de nos clients, qu’ils soient français ou internationaux, et nous savons qu’ils disposent des ressources nécessaires pour continuer à se développer en France. Cependant, il est clair que le contexte économique et géopolitique actuel nous pousse à faire preuve de prudence. Néanmoins, nous restons positifs et pleinement engagés dans de nouveaux projets, en particulier dans l’émergence de nouveaux secteurs et fonds d’investissement.